Acid queen & wicked eye [Vincent]

L'anniversaire de la grand-mère dans la famille Strayfield, le repas terminé, on sortait les bouteilles de la cave qui croupissaient là depuis on ne sait combien d'années, mais à voir les légères taches verdâtres qui ornaient les bouchons de liège, la gnôle ne datait pas d'hier. C'est mon cousin âgé de 23 ans qui déboucha la première bibine, une liqueur de prune, ça promettait vu le rictus qui déforma son visage quand il huma le liquide, malgré ça, il se servit un verre et le but d'un trait avant de lâcher un soupir que lui provoquait la liqueur brûlant sa gorge. Une fois que son visage eut reprit une teinte normale et que les adultes aient repris leur discussion, mon cher cousin s'empara de mon verre et le remplit à raz bord...

"Tu vas voir cousine, l'alcool qui croupit au fond d'un endroit miteux et humide est le meilleur !"
"Heu je suis pas sure que les parents soient..."
"Rooh allez, ils sont tous déjà torchés au champommy ! Goute je te dis !"

Fixant le contenu de mon verre comme s'il s'agissait des démons de la boite de Pandore, je portais le verre à mes lèvres et vidais le tout en deux gorgées avant de suffoquer en cherchant à m'éclaircir le gosier qui décapait sous la liqueur plus vieille encore que moi et mon cousin réunis. Sentant le rouge me monter aux joues et ma vue se brouiller, je laissais ma tête tomber sur la table et levais les yeux en entendant le son d'un verre qui se remplissait.

"Je savais pas que les grands parents étaient amateurs de vodka..."
"A qui le dis-tu..."
"A ta santé, Aimée !"
"C'est Cerne ! Tchin..."

Bon, la soirée continua sur ce rythme jusqu'à ce que mes yeux se ferment d'eux même et que le trop d'alcool m'envoie illico dans les bras de Morphée, tiens, Dreamland, j'avais complètement zappé...



Je repris conscience contre une surface dure et froide, du bitume à première vue. Je me lève en soutenant ma tête qui me fait un mal atroce, comme s'il on tambourinait sur ma boite crânienne. Jetant un œil autour de moi, je découvris une ville aux grattes-ciels vertigineux, animée par une population agitée, j'y voyais aussi bien des humains que des créatures du monde onirique s'affairer çà et là, ou plutôt déambuler car en regardant de plus près, tous avaient l'air bien torchés. Je me fondais dans la masse en me mettant moi aussi à errer au travers des rues sans trop savoir où aller.
Je m'arrêtais un instant pour observer une sorte de gnome volant, je le fixais voleter tranquillement avec un air béa, chose étrange, il trimballait un tuyau d'arrosage avec lui. Il sembla me remarquer, il me jaugea un court moment et brandis son tuyau sur moi, je ne bronchais pas, encore à l'ouest. Il activa le tube de plastique, déversant un liquide à l'odeur nauséabonde en plein dans ma face, je mis un moment à réagir. Levant mes mains devant mes yeux, je découvrais une substance verdâtre dans lequel flottait quelques morceaux de je-ne-sais quoi à la couleur pâle, puis là, le déclic.

"BWAAAAAh !!! CENDRIIIIIIIIIINE !!!" Hurlais-je en me débattant toute seule et en prenant mes jambes à mon coup.

Qu'est ce que j'aurais aimé qu'elle soit là ! Même Zack aurait fait l'affaire, il fallait que je me barre d'ici et vite ! Heureusement que le frottement de l'air dans ma course me débarrassait de l'essentiel du vomit. Je trébuchais un moment sur je ne sais quoi, aveuglée par le désir de me tirer d'ici. Je me relevais en titubant et découvris ce sur quoi j'étais tombée. Les jambes d'un mec apparemment, mais il avait pas l'air de se rendre compte de l'endroit où il était, c'était donc pas un rêveur, mais il était assez conscient pour me demander :

"Demoiselle un verre en ma compagnie, ça te plairait ?!"
"Heu non, excusez-moi..."
"Allez viens je te dis !" Lança-t-il en empoignant mon bras pour m'attirer vers lui.

Je poussais un cri et la demi-seconde qui suivit, il en lâcha un lui aussi en me lâchant brusquement, ramenant sa main près de lui comme si elle était blessée. Je n'attendis pas plus longtemps et me remis à courir, le type m'interpella de nouveau en me menaçant et me traitant de tous les noms. Je haïssais qu'on me touche, n'importe quel contact humain me faisait frissonner, même les gestes d'affection de ma mère me faisaient sursauter ! Enfin voilà, je me laissais guider par mon instinct et commençais à zigzaguer entre les rues, m'engouffrant parfois dans des ruelles qui n'avaient pas l'air de bonne fréquentation. Je fus bientôt seule avec les sons de mes pas résonnant contre le pavé, je m'arrêtais un instant pour souffler en m'appuyant contre mes genoux, mes cheveux retombant sauvagement devant mon visage en sueur, je détestais cet endroit et je ne souhaitais qu'une chose : me réveiller. Et maintenant que j'avais trouvé un lieux à peu près tranquille, je m'asseyais contre un mur tagué où je pourrais passer la nuit sans être dérangée. En me tournant les pouces, je pus mieux observer l'endroit ; Un cul de sac au bout duquel était planté une sorte de vieil établissement à l'abandon dont la pancarte salie par le temps passé en ces lieux empêchait de savoir son nom, tout semblait vide, même la lumière avait déserté l'endroit, seuls quelques vieilles poubelles jamais ramassées et de vieux journaux trainaient par ci par là. Juste moi et ma peur bleue de ce genre d'endroits. Je ramenais mes genoux contre moi et posais ma tête contre mes bras enroulés autour de mes jambes, me rendant compte que Dreamland n'était pas toujours ces belles plaines herbeuses ou ces forêts de champignons fantastiques, ça pouvait être aussi dérisoire que les lieux qu'on pouvait trouver sur Terre...

Je relevais brusquement ma tête quand j'entendis une voix m'interpeller, il s'agissait d'un « homme » si l'on oubliait ses incisives proéminentes faisant penser à celle de Zachary, mais il ressemblait plus à une version évoluée de l'ogre qu'au bourrin au sourire carnassier. Enfin bon, le voilà qui se tenait dans le cadre de la porte du vieux bâtiment, me faisant signe d'entrer, mais je fis non de tête. Soudain, je le vis me jauger sans gêne avant de se figer sur lui-même, il cria quelque chose à l'intérieur à quelqu'un à l'intérieur du bâtiment mais il était trop loin pour que je puisse entendre, mais une chose était sure, il s'approcha de moi sans avoir l'air menaçant. Alors qu'il était à proximité de moi, je remarquais alors que son torse était zébré de larges brûlures. Il me semblait bien trop louche pour que je me laisse approcher, c'est pourquoi je me levais brusquement et m'apprêtais à partir quand l'inconnu s'adressa à moi sur un ton bourru :

"Attends ! J'aimerais juste voir tes yeux une seconde."

Je ne répondis pas mais me stoppais dans mon élan sans pour autant baisser ma garde. Mais contrairement à ce que je pensais, il plaça sa main sur ma paupière, sourcils froncés. Je ne comprenais pas vraiment où voulait-il en venir, surtout qu'il affichait une mine si surprise qu'on aurait dit qu'il avait vu une apparition. Sans que j'ai eut le temps de battre des cils, il m'attrapa par le bras et commença à me trainer vers la bâtisse délabrée, je protestais en criant et appelant à l'aide, un bruit de vapeur s'échappa de l'endroit où il me tenait, mais il ne broncha pas et continuait d'avancer, il planta son regard dans le miens, l'air sévère :

"On se calme, j'en ai vu d'autres comme toi et me crois pas sensible à ce genre de tour, je veux pas te faire de mal, juste t'emmener voir quelqu'un."
"Je peux savoir qui ?..."
"Ton seigneur." Répondit-il toujours aussi froid.
"Mais...! J'ai pas de seigneur ! Vous vous trompez ! Lâchez-moi !"
"Tu croyais nous avoir échappé cette nuit-là c'est ça ? Enfin non, t'as pas l'air de tout connaître, ici on es à Delirium city, côté Est, mais c'est aussi là que se trouve le royaume acide, du moins ce qu'il en reste. Et tu es la nouvelle voyageuse acide, c'est pourquoi tu dois aller à sa rencontre."

Je me tus, curieuse et à la fois effrayée par ce qui arrivait, je voyais bien que je ne pourrais partir d'ici qu'une fois réveillée ou attendre la bonne occasion pour m'échapper, mais tout ça ne me disait rien qui vaille. Un frisson secoua mon échine en passant le palier de l'établissement, un bar au vu du comptoir qui barrait la pièce, mais là aussi, le temps avait passé, la poussière et les toiles d'araignées étaient au rendez-vous et les bouteilles entassées dans les étagères figées dans l'attente du client ne paraissaient ne plus être bonnes depuis des lustres, sans oublier ces tables et chaises en bois rafistolées dont les dossiers craquaient déjà sous le poids du temps.

"Ma reine ! Je vous apporte une bonne nouvelle ! On a une voyageuse acide !" Héla-t-il dans le vide, une voix mielleuse retentit d'on ne sait où, jusqu'à ce qu'une femme plus grande et plus âgée que moi, aux cheveux noirs et ondulés d'où dépassaient une paire de longues cornes irrégulières de la même couleur que sa tignasse, son visage maigre au teint blafard n'inspiraient rien de bon, effet accentué par ses yeux d'un vert luisant dans l'obscurité des lieux. Elle prit alors la parole d'une voix mielleuse :

Spoiler:

"Bon bouleau Burnt, ferma la porte, tu veux bien ?"

L'homme-ogre s'exécuta, me lâchant le bras par la même occasion, pour ensuite me le faire prendre par la femme vêtue de noir qui scruta le liquide qui s'était échappé de ma peau, un sourire s'esquissa sur ses lèvres, elle leva ses yeux verts vers moi et dit sur un ton sarcastique :

"Tu m'as l'air déjà plus compétente que les autres, et je reconnais bien ces yeux ! J'ai l'impression de me voir dans une glace ! Tu ne trouves pas, Burnt ?"
"Oui, ma reine."

Non, rien ne me disait dans cet endroit, ces deux personnages étaient vraiment bizarres et cette femme ne m'inspirait aucunement confiance, mais comment me sortir de ce purin avec cette brute épaisse et cette espèce de démone ? Qu'est ce que je donnerais pour être aux côtés de Cendrine ! Et comment pouvait-on être reine d'un endroit aussi pourri ? C'est pas ce que j'appelle un royaume moi ! A à ce que je sache, un roi est censé gouverner un peuple, il est où celui de cette femme ?!

"Bien ! Je me nomme Odeysia, seigneur du royaume acide, tu es voyageuse de ce royaume mais tu n'as pas l'air d'encore bien maitrisé cette force, je veux bien t'y aider en l'échange de ta loyauté !"

Je la dévisageais un moment, je ne dis rien, un long silence s'installa dans la salle, jusqu'à ce qu'Odeysia esquisse un rictus contraint, elle fit un signe de tête à son garde du corps qui en un instant me souleva dans les airs, je poussais un cri d'effroi et me débattais en agitant mes jambes et tentant de me dégager en remuant comme un ver. Mes protestations furent brutalement interrompues quand on me laissa tomber sur le sol, le souffle coupé, je n'eus même pas le temps d'empêcher ce Burnt d'enchainer mes poignets et mes chevilles. Je tentais de respirer calmement, mais les battements de mon cœur ne cessaient d'accélérer à la vue de cette femme approcher, le son de ses talons aiguilles contre le vieux carrelage me faisait trembler de peur, qu'avais-je donc fais pour qu'on m'attache comme ça ? Je réfléchis, mais avec l'agitation et la peur, difficile de mettre de l'ordre dans mon esprit, pourtant, je parvins à imaginer un plan. En tirant violemment sur le côté mes poignets menottés, je commençais à ressentir ma peau se tendre et petit à petit se déchirer sous l'assaut du métal. Je fus interrompue par la « reine » qui prit mon menton d'une main et me força à la voir en face, je parvins même à voir mon reflet terrifié dans ses globes oculaires à la lueur cruelle.

"Je ne suis pas très patiente, alors n'essaie pas d'esquiver la question..."
"Je... je ne peux pas accepter, j'ai quelqu'un avec qui je voyage !"
"Oublie-le ! Moi je te trouverais une vraie place dans Dreamland, tout ce que je te demande en échange est de tuer Prévice !"
"Prévice ?"
"La reine des glaces, c'est à cause d'elle si nous sommes retranchés ici et que notre royaume est ainsi raccourcit ! Je te donnerais le moyen d'exécuter ma volonté et de pouvoir parcourir librement Dreamland !"
"...Je... je refuse !" Osais-je, piquée au vif par cette imbécile.

Cette dernière émit un rire que je n'aimais pas du tout, elle lança un regard à son compagnon qui obéit à un ordre inaudible et partit à l'arrière du bar, je cessais de le suivre des yeux pour continuer d'appliquer mon stratagème, secouant encore mon étau, je parvins encore, non sans peine, à m'ouvrir la peau ! Je sentais bientôt le liquide brûlant qui devenait familier à mes yeux, couler le long de mon bras et sur la chaine. Rien ne se passa ! La chaine n'avait rien !
La seigneur acide jeta sur moi un regard amusé, elle posa son index griffu sur mon nez comme à un enfant et dit d'une voix presque maternelle :

"Bien tenté ! Mais ne me crois pas si bête ! Bon Burnt, ça vient ce fer !?"
"Oui ma reine !"

L'ogre revint, armé d'un bâton de métal rougeoyant au bout duquel était forgé un symbole à peine remarquable, on aurait plutôt dit un aiguillon, en fait. Paniquée, je m'agitais dans tous les sens, ripant des pieds sur le pavé, qu'on me coupe les chevilles et les poignets s'il le fallait mais je ne veux pas qu'on me fasse quoi que ce soit ! J'aurais du partir de cet endroit glauque dès lors que j'avais semé l'autre type louche ! Je hais Dreamland ! Voilà cette affreuse femme qui s'empoigna de l'arme encore rouge et s'approcha de moi, tout près de mon visage, je détournais la tête, dégoutée à l'idée de respirer le même air qu'elle. Mais elle se mit à approcher l'arme peu à peu vers mon œil, je me crispais, tentais de chercher refuge contre le mur, comme du gibier piégé par le calibre du chasseur, qui dans un dernier espoir, cherchait à fuir. Je commençais à sentir la chaleur de l'objet irradier mon visage, j'entendis aussi la voix douce et pourtant répugnante de cette femme m'expliquer :

"Je ne peux pas t'atteindre avec mon acide directement, mais ce petit bijou me permettra de pouvoir maitriser le flux de ton pouvoir, actuellement, il est comme une marionnette errante, mais ce que je vais te faire là te permettra d'y ajouter des ficelles, magique n'est-ce pas ?"
"N... Non ! Je n'en veux pas !"

Mais avant que j'eus le temps de protester plus, je ressentis un déchirement dans mon œil, une brulure glaciale brisant ma vue, la chose fut retirée aussi vite qu'elle fut rentrée, je n'avais même pas entendus le hurlement de douleur que j'avais poussé à l'instant, ma respiration se fit rauque et le simple fait d'inspirer et expirer me fatiguaient terriblement. Mais ma douleur n'était pas encore terminée, la femme m'écartela ma paupière meurtrie et laissa échapper de son doigt un liquide au vert aussi acide que ses yeux, je sentis ce magma s'infiltrer au plus profond de moi-même, je criais mais ne pouvais me résoudre à bouger plus, la souffrance avait atteint son pic. Le flux se stoppa et cette femme aux cheveux noirs posa sa paume contre mon œil, je perdis connaissance à ce moment précis.

"Son acide va se mélanger au miens, il sera plus maniable pour elle, mais le liera à moi..."
"Vous allez enfin pouvoir assouvir votre vengeance, ma reine."

Celle-ci ne répondit pas et se mit à caresser les cheveux d'encre de sa nouvelle voyageuse, se disant que l'avenir recommençait à lui sourire, elle qui avait tout perdu, elle voyait maintenant en moi, son nouveau chien. Au bout d'un certain temps, je m'éveillais, pendue aux chaines, mon corps qui avait reposé dans une position peu agréable devait souffrir de rhumatismes... étrangement, mon œil n'émettait qu'une douleur sourde, à vrai dire, j'avais bien plus mal aux poignets et aux chevilles qu'autre chose. Je m'asseyais en m'appuyant contre le mur et fis le tour de la pièce de mes yeux, enfin du seul que je pouvais utiliser au vu du bandage épais qui recouvrait le globe oculaire meurtrit par le fer. Je remarquais alors que Burnt était assit derrière le comptoir et dormait, tête posée sur celui-ci, laissant échapper des ronflements réguliers et insupportables. La seigneur acide fit irruption dans la pièce, le sourire aux lèvres, elle s'agenouilla devant moi, plantant son regard dans le mien, je ne lui en voulais pas pour ce qu'elle m'avait fais, non, j'en étais incapable, mais mon désir de sortir d'ici était plus fort que tout.

"Dès maintenant, mets toi en quête des voyageurs des glaces, ils sont assez connus dans ce monde, élimine-les et je te promets que ton pouvoir dépassera celui de tous les autres contrôleurs."

Elle me détacha et me força à me lever, je ne me fis pas prier et partis en courant, me cognant contre une table, trébuchant mais parvins à m'extirper de cet endroit, même respirer l'air chargé d'alcool de Delirium city me paraissait plus agréable. Je tournais à une rue et m'arrêtais pour tâter le bandage, je sentais mon œil vivant, comme si rien ne s'était passé, bizarre... peut-être cela n'était qu'un cauchemard, et que Odeysia n'était pas si mauvaise que ça, qui sait ?

Dans ma course, j'heurtais une personne et la violence du choc la fit basculer en arrière. Confuse, je l'aidais à se relever et reconnus alors Vincent. Il me demanda alors si j'allais bien et ce que la seigneur acide m'avait fait, dans ma tête, ses paroles allaient plus vite que le son, j'étais encore sonnée et le fait que je m'étais endormie ivre n'arrangeait rien à cette brume qui entourait mon esprit. Je dus soutenir ma tête avec ma main, soudainement prise d'un mal de crâne insupportable.

"Je...Vincent ? C'est toi ? Je suis contente de te voir... si tu savais... arg... je vais bien..."

Je posais mes yeux sur les clowns qui l'accompagnaient, je reconnaissais le paralysant, l'épée, mais le troisième m'était inconnu. Enfin, j'entendis un rire mauvais derrière nous, je me retournais et vis alors Odeysia accompagnée de Burnt sur le palier de leur bar miteux. La reine aux yeux verts me sourit gentiment et me dis d'une voix maternelle :

"Cerne, chérie, tu veux bien nous débarrasser de cet intrus, celui qui se tient à côté de toi... il a attaqué deux de nos gardes sans raison."
"Impossible !" Répliquais-je sur un ton assuré.

Elle soupira et se tourna vers son homme de main en l'appelant simplement par son nom, celui-ci répondit en faisant craquer les phalanges de ses mains, ses sourcils épais formaient une seule barre poilue qui donnait à son visage une expression extrêmement menaçante. Mais sachant qu'il n'avait ordre que d'exécuter le jeune homme et ses amis clowns, je m'interposais en plantant mon regard dans celui de la brute, il leva un sourcil, interrogé, puis se tourna vers sa maitresse qui avait perdu son doux sourire, étrangement, cela me fit mal de la voir ainsi... mais je gardais ma position. Or, Odeysia fit un hochement de tête à son larbin, ce dernier n'hésita pas une seconde et fonça sur moi en brandissant son poing. Je nous écartais, moi et Vincent, laissant le poing de Burnt frapper le vide, il avait l'air d'être puissant, mais il manquait de vivacité.

Mais c'est alors qu'un jet d'acide fut projeté dans notre direction, je me plaçais de nouveau devant Vincent, sachant que j'y étais insensible, seul le bandage qui entourait mon œil fondit au contact du liquide sulfureux et dès que celui-ci eut été en contact avec mon globe oculaire, je sentis comme une flamme d'une nature inconnue s'éveiller en moi, je sentais une énergie nouvelle courir au travers de mes veines, non en fait elle avait toujours été là mais j'étais incapable de la sentir. Le problème maintenant était de savoir comment s'en servir... Je tentais de rassembler cette force en un seul point, puis j'agrandissais la plaie qui zébrait mon poignet gauche, le « sang » ne tarda pas à couler, mais je fis en sorte que la force que j'avais rassemblé sorte à partir de mon poignet. Je tendais alors mon bras vers Burnt, concentrée, j'entendis celui-ci crier quelque chose à sa supérieur :

"Ma reine ! Son œil...!"
"Fais gaffe ! Elle ne contrôle rie...!"

Puis, comme une explosion, l'acide jaillit comme par un tuyau en une quantité énorme, droit vers le demi ogre, mais je vis la seigneur s'interposer, pointer son index vers le jet et l'absorba net. Sans que je m'en aperçoive, mon œil s'était soudainement illuminé, comme s'il était enveloppé d'un halo de vapeur acide et lorsque j'invoquais cette force, je la sentais d'abord passer par mon globe avant de rejoindre ma main, enfin, c'était pas le moment de s'attarder là dessus, sachant que je n'arrivais pas à arrêter le débit de mes vaisseaux !!!

"Waaaah !!! J'arrive plus à m'arrêter !!!" Criais-je affolée en essayant vainement de boucher la plaie avec ma main.

Rien a faire, ça ne voulait pas cesser ! Surtout que je sentais peu à peu mes forces se vider au fur et à mesure que l'acide s'écoulait. Mais au moment où je sentais que j'allais tourner de l'œil, le flux s'arrêta et la flamme de mon globe oculaire s'éteignit. Mais je remarquais que dans ce débordement, Burnt avait reçu quelques projections d'acide, dont une grosse qui maintenant attaquait son avant bras gauche, je souris, heureuse d'avoir réussi à le toucher malgré ce petit contre-temps, mais maintenant mes réserves étaient quasiment à sec. Sur un ton un peu inquiet, je demandais au jeune homme :

"Tu as un plan B ?"

[D'un, je m'excuse du retard... c'est plutôt mince comme demande de pardon comparativement au temps qui s'est écoulé entre ton post et ma réponse mais sache qu'elles sont sincères.
Sinon, changement de programme, faudra voir comment mais Cerne doit mourir (veux changer de perso moi x) ) je propose que ce soit Humor qui s'en charge en ayant pour motif d'empêcher Odeysia de lever une armée...]

Chaque pas que faisait cette femme provoquait un frisson plus violent au fur et à mesure qu'elle s'approchait de nous, son regard hautain, brûlant d'une folie certaine, sa démarche nonchalante, voir provocante, j'aurais préférée être seule face à elle pour ne pas embarqué Vincent dans cette galère, surtout que je n'avais plus une goutte d'acide qui me restait et ne possédais pas une force brute considérable. Or, un espoir rejaillit lorsqu'une voix posée et dénuée de toute agressivité monta dans notre dos, menaçant directement Odeysia, un clown de grande taille au maquillage triste bien que son visage affichait une certaine placidité rassurante s'avançait dans la salle. Étrangement, le visage de Burnt et sa maitresse tiquèrent, se déformant en un rictus assez laid qui n'avais l'air de prévoir rien de bon pour eux. Surtout que Vincent sembla plutôt agréablement surprit de la venue de ce clown, c'est pourquoi je ne me raidis pas en sentant sa présence à nos côtés. Burnt s'interposa entre lui et la reine acide ce qui eut pour conséquence de faire éclater de rire le nouveau venu, puis de cette voix teintée d'ironie, il leur expliqua qu'il n'attaquerait pas en traitre comme les deux gredins l'auraient fait et d'après ce que je compris, le jeune homme qui m'avait aidé déjà à deux reprises faisait « partie » de cet être au visage mélancolique qui avait dû autrefois se battre contre Odeysia qui l'avais mené en bateau en se rangeant du côté de son ennemi « Prévice » et que ce soir, ce clown criait vengeance, ce qui était tout à fait honorable, mais alors, qu'est ce que moi et Vincent faisions au milieu de toute cette cohue bohue en sous-vêtements en train de dessaouler ? (car oui j'avais remarqué que lui aussi avait une haleine assez alcoolisée). Enfin, cet étrange personne dégaina ce qui semblait être un kriss de grande taille après avoir invoqué neuf petits clowns non lui de lui, puis il adressa quelques mots au clownmaker avant de se ruer vers Odeysia qui anticipa quelques uns de ses mouvements et projetait de l'acide dans sa direction et celle des petits bonshommes maquillés qui l'accompagnaient et le soutenaient dans ses assauts, un affrontement assez impressionnant vu de loin, à vrai dire, ça avait l'air de ces combats titanesques que l'on voit dans les mangas, sauf qu'ici, il n'y avait que peu d'artifices, par exemple, on ne les voyait pas disparaître d'un coup pour réapparaitre comme par magie dans le dos de l'opposant, non, ici, même si ça pouvait s'avérer difficile, tout le monde était en mesure de suivre.

Mais mon regard fut attirée par la voix de Vincent qui avait l'air d'avoir reprit son entrain et se mit à provoquer Burnt comme le lui avait demandé son « supérieur », mais sans plus de cérémonies, la brute épaisse se jeta sur le garçon aux cheveux d'encre en sifflant des naseaux à la manière d'un buffle, cherchant à le toucher en lui collant une droite ou en l'écrasant comme s'il se fut agit d'un insecte. Heureusement, l'un des clowns que je reconnus être celui qui se changeait en épée protégea son maitre avant de prendre sa forme d'arme et de se faire empoignée par Vincent et que ce dernier ne se jette à son tour contre cet espèce de gorille carbonisé. Je pris peur pour lui, essayais de faire appel de nouveau à ce pouvoir qui s'était éveillé mais rien à faire, surtout qu'il avait vraiment l'air en difficultés devant la sauvagerie des coups de Burnt ! C'est alors qu'un autre clown l'interpella, je n'entendis pas les échanges dans leur entièreté à cause du bruit que produisait le combat des deux seigneurs mais la résultat fut visible. Ce petit être fondit littéralement en Vincent, son épée reprit sa forme initiale en poussant de petits cris de douleur, de la fumée s'échappait de l'endroit où se trouvait le pommeau de la lame quand il en adoptait la forme. C'est alors que je remarquais cette matière grise qui s'échappait du corps du garçon, de la cendre sans aucun doutes, une bonne arme contre l'acide et peut-être le remède contre ce boulet destructeur de Burnt ! Ce dernier continua ses assauts mais Vincent anticipa son mouvement d'une rapidité que je n'avais pas vue venant de lui depuis notre affrontement contre l'ogre de la forêt de champignons made in Alice in Wonderland. Il parvint à asséner de puissants coups sur l'armoire à glace qui tomba au sol, brûlé et meurtrit. Or, quand je le vis s'élancer vers les deux grandes puissances de cette histoire, je l'interpellais :

''Non, Vincent ! Je ne pense pas qui faille s'en mêler !''

A ma grande surprise, ce fut le clown au visage triste qui s'interrompit soudainement dans ses échanges avec la seigneur acide pour asséner un violent coup dans le ventre du jeune homme ce qui eut pour effet d'expulser le clown-cendre de son corps. Ce qui suivit fut encore plus surprenant à vrai dire, les joues de l'adolescent semblèrent fondre, ou leur peau tout du moins, ce qui devait lui provoquer d'atroces souffrances et j'accourus vers lui dès que j'entendis ses cris de douleurs, le clown lui dit quelques mots avant de repartir dans ses assauts contre Odeysia. Quant à moi, je m'agenouillais près du jeune homme, inquiète de son état, il s'était mit à cracher du sang et être prit de violentes convulsions, mais cela sembla cesser avec un peu de temps, il me demanda si moi j'allais bien d'une voix assez fatiguée.

''Moi je vais bien, mais préoccupes toi plutôt de toi, tu as vu dans quel état tu es ? Quand tu pourras marcher, il faudra essayer de s'éloigner, je ne sais pas si la ville pourra tenir debout avec le combat de ces deux monstres...''

Pendant ce temps, Odeysia avait bien vu la chute de Burnt, cela ne semblait pas vraiment la gêner plus que ça. Elle continuait d'esquiver les coups d'épées de Humor, feintant parfois, cherchant l'angle mort, projetant de l'acide sur son adversaire, parfois visant sa lame, mais elle avait oublié la présence des autres clowns et peut-être la notre, avec Vincent. Or, à un moment, un cri de douleur lui échappa, l'épée du seigneur clown était parvenue à la toucher, faisant jaillir l'acide qui constituait son essence, son visage prit une expression rageuse, elle s'éloigna de son adversaire de quelques bonds en arrière puis exécuta un geste de la main dans ma direction.

''Sache, Humor, que moi aussi j'ai une voyageuse qui m'appartient...''

Sans que je sache comment, mon corps se leva de lui même et se rangea du côté de la seigneur acide, j'avais beau lutter contre cette emprise, c'est comme si mon esprit ne maitrisait plus mes gestes, je me crispais, tentais de gesticuler par ma volonté, en vain. Elle saisit ma main et y transmit un peu de flux, je me sentais revigorée certes, mais pas de la façon dont j'aurais voulu. Au fur et à mesure que ce sang nouveau circulait, je le sentais monter en tête, prendre jusqu'à possession de mon cerveau, de mes nerfs et renforcer la prise de la seigneur acide sur mes membres. Je me tenais maintenant en face du clown à l'air maussade, un sourire qui n'était pas le mien se dessinait sur mes lèvres tandis que je levais ma main, de chaque pore s'échappait quelques infimes gouttelettes qui se rassemblèrent en une sphère irrégulière, flottant dans l'air à la manière d'une bulle. Une seule pensée vint petit à petit parasiter mon esprit, éliminer les clowns à n'importe quel prix pour satisfaire le désir de ma reine. Cette même flamme verte s'éveilla sur mon oeil et mon regard se posa alors sur Vincent, dans l'état où je me trouvais, son visage m'étais totalement inconnu, nous n'avions plus terrassé le monstre des champignons ensemble, il ne m'avait pas sauvé des griffes d'une reine avide, il était juste ma cible.

''Tu sais bien que je fais toujours en sorte de faire payer l'addition à mes suppos, ce soir n'excepte pas à l'accoutumée.'' Lança Odeysia au seigneur clown sur un ton ironique.

Cela juste avant que je me mis à courir vers le garçon, m'apprêtant à lui brûler ce qui lui restait de visage, dans mon inconscience.

Tu devrais le creer tout de suite ton perso ^^
Parce que ma reponse je veux pouvoir la paufiner, on tue pas quelqu'un comme ca quoi xD